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par Joseph ORTEGA

Chaque chien nécessite une éducation de base. Le plus important est sans conteste un rappel impeccable. Un chien qui ne peut être rappelé est un danger constant pour lui-même et pour son entourage. Si en plus le chien s'assied au commandement, c'est très bien. Tout propriétaire qui promène son chien doit savoir jusqu'à quel point il peut contrôler son chien. Dans le doute, il vaut mieux le tenir en laisse.

" Mon chien est indépendant, mais c'est sa race qui veut cela ! Mon chien se moque de moi, il fait exprès de ne pas revenir lorsque je le rappelle ! Le faire revenir au rappel, impossible, il n'a pas compris ce que signifie cet ordre ! Si je m'inscris au Club, c'est surtout pour avoir le contrôle de mon chien en promenade ! "

L'objectif à atteindre

La définition d'un bon rappel, c'est le retour immédiat par le plus court chemin et à vive allure, dès que le maître donne le signal, quelles que soient les préoccupations du chien à ce moment-là !

Les erreurs habituelles

En général les maîtres vont imputer le manque d'obéissance au chien, c'est toujours lui qui est fautif, ce qui est, bien entendu, un jugement incorrect. Un chien réagit comme un canidé, ce n'est ni une machine ni un humain, il n'a pas la même vision que nous ni la même manière de concevoir les signaux de commandements.

Dans la nature

Un chien auquel on permettrait tous les caprices dans la vie quotidienne, à la maison comme en promenade, ne pourrait pas avoir une vision saine de son rang hiérarchique et serait, par la force des choses indifférent aux signaux qui auraient pour but de le diriger.

Un chef de meute, c'est quelqu'un qui est sûr de lui, il donne les ordres avec conviction, sans hésiter. D'autre part il ne doit pas y avoir ambivalence dans les signaux. Ce que l'on retrouve souvent dans une famille, c'est le père qui rappelle le chien en disant "au pied", la mère qui dit "viens ici", la fille "devant", le fils "reviens", etc.

Comment voulez-vous que le signal soit clair dans la tête du chien, d'autant plus que l'on trouve quelquefois des ordres très proches comme "ici", et "assis" ?

Si on se réfère à ce qui se passe dans la nature chez les canidés sauvages, l'apprentissage du rappel se fait dès le plus jeune âge au moment du retour de la chasse. La mère envoie un signal auditif qui fait sortir les petits de la tanière, le second signal sera visuel par des mimiques appropriées, enfin dès que le contact est établi, il y a régurgitation de nourriture. Nous avons donc là un premier élément, c'est la motivation par l'instinct primaire de l'alimentation. Comme à chaque fois le signal de ralliement est associé à quelque chose d'agréable, le comportement de retour immédiat va se fixer.

Plus tard, c'est en action de chasse, lorsque les jeunes commencent à accompagner le groupe, qu'ils doivent apprendre à tenir leur place dans la stratégie et à obtempérer aux signaux des adultes, en particulier du chef de meute, sinon ils pourraient compromettre la capture de la proie, qui est essentielle pour la survie. Un individu indépendant qui ne se plierait pas aux règles de la hiérarchie serait condamné inexorablement, une meute n'admet pas la marginalisation.



La bonne technique

II faut avoir conscience que le chien communique et reçoit les messages par deux canaux essentiels, le verbal et le non-verbal. Pour le verbal, l'ordre doit être simple et donné avec une intonation agréable qui incite au retour et non avec de la colère dans la voix qui bloquerait celui-ci. On doit choisir un signal précis et le répéter à chaque fois, quel que soit le membre de la famille qui le donne.

Le non-verbal a une importance énorme chez les canidés, la gestuelle doit être incitative, comme le fait d'écarter les bras, de porter le ventre en avant, de reculer, de s'accroupir, de battre des mains, de sourire, etc. J'ai pu voir à travers mon expérience avec les aveugles, l'attitude incorrecte qui consiste à se pencher en avant et à tendre les bras (il est évident que pour le non-voyant ce comportement est naturel pour tenter de rentrer en contact le plus vite possible avec le chien, mais il n'est pas très canin).

Pour favoriser la décontraction des maîtres, il faut leur faire dépasser le blocage psychologique qui est dû au fait de se sentir observé par les autres, en constituant des séances ludiques de rappel. Si, en concours, la rigidité est rendue obligatoire par le règlement, car chaque geste peut être pénalisé en tant que double commandement, en séance d'éducation le moniteur doit être inventif et les rappels doivent se faire de la manière la plus farfelue possible : courir dans l'autre sens, se coucher au sol, se placer derrière un obstacle, tourner le dos au chien, mettre un drap sur la tête, etc. À partir du moment où le maître prend du plaisir et s'amuse, le chien rentrera volontairement et avec joie dans le jeu. Une autre erreur que l'on retrouve régulièrement dans les cas de désobéissance au rappel, c'est le fait de poursuivre le chien qui ne veut pas revenir, même un chiot apprendra vite qu'il est plus rapide et plus leste que son maître et que celui-ci n'a aucune emprise sur lui !

On trouve également les maîtres qui vont battre leur chien lorsque celui-ci se décide à revenir ou qu'ils parviennent à le saisir. C'est une faute énorme qui est souvent imputable au fait que le maître est vexé devant les autres et qu'il veut démontrer à tous que c'est lui le chef. La seule chose qu'il montre, c'est au contraire, qu'il n'est pas un vrai chef, car un véritable maître doit d'abord savoir se "maîtriser" avant de "maîtriser" les autres. En agissant ainsi on augmente son pouvoir autoritaire et sa volonté de puissance à ses propres yeux, mais on diminue le lien social et l'écoute du chien qui perd confiance dans son maître. Même s'il ne revient qu'une demi-heure après et que l'on a envie de lui tordre le cou, on doit jouer la comédie, acte II scène III : "Oh que je suis heureux de te voir, tu es le meilleur des chiens ! "

Dans le même ordre d'idée, si le chien hésite et n'obtempère pas immédiatement, lorsqu'on parvient à le récupérer, il ne faut pas le mettre aussitôt à l'attache, on doit au contraire le relâcher, puis s'éloigner en l'appelant gentiment avant de lui remettre sa laisse.

Les lois de l'apprentissage

Tout apprentissage répond à des lois très simples, surtout en ce qui concerne le chien, il n'est pas nécessaire d'avoir une longue expérience "sur le tas" pour savoir comment il fonctionne, si on applique les règles de base l'éducation se met en place.

- Sans motivation, il n'y a pas d'apprentissage, l'animal ne s'intéresse à un signal émis par le maître que s'il est associé à un bénéfice pour lui.

Ce qui signifie que chaque retour est associé à quelque chose d'agréable. Or qu'est-ce qui est le plus fort pour lui ? Évidemment ce sont les instincts liés à la survie (laissons de côté l'imaginaire des maîtres qui parleront d'obéissance par "amour", ou d'obéissance "sans éducation" ) comme celui qui est lié à la nourriture.

- Plus l'apprentissage est répété favorablement pour le chien, plus vite il se fixe. C'est ce que l'on nomme la "loi de l'effet", s'il est récompensé à chaque fois, il va revenir de plus en plus rapidement.

- II existe une progression qu'il faut respecter avant de faire disparaître la récompense.

- Phase systématique : À chaque fois qu'on le rappelle il est récompensé, même si cela a lieu vingt fois par jour.

- Phase intermittente : il est récompensé tous les deux rappels, puis tous les trois, puis tous les cinq, s'il revient toujours aussi rapidement, on estime qu'il a compris ce qu'on attend de lui.

- Phase aléatoire : II doit rester dans cette phase toute sa vie, si on veut éviter que l'apprentissage disparaisse. Dans cette phase il est récompensé sans qu'il sache à quel moment il le sera, peut-être deux fois de suite, peut-être tous les trois rappels, peut-être au bout de cinq rappels...

- Plus on commence tôt dans la vie du chien, plus l'apprentissage se fixera vite, persistera plus tard et sera de bonne qualité. Ce que l'on apprend au jeune âge est plus facilement mémorisé, on pourrait même dire que dès que le chiot est au sevrage (vers 4 semaines), l'éleveur peut commencer le rappel à chaque fois qu'il apporte les gamelles.

Pour les chiens récalcitrants :

Nous avons vu comment éduquer de manière naturelle afin d'obtenir d'excellents rappels, mais il faut penser aux maîtres qui ont laissé ce défaut s'installer et qui sont confrontés à cet horrible dilemme. Dois-je libérer mon chien pour qu'il se détende, avec le risque qu'il ne revienne pas au rappel ?

- Créer un besoin

Lorsque l'on veut augmenter la motivation il faut créer un manque, c'est aussi simple que cela. II est évident que le chien qui aura ingurgité une énorme ration de nourriture ne sera pas attiré, une fois en promenade, par les petits bouts de fromage que tient son maître, il trouvera plus intéressant de fouiner de droite et de gauche afin d'explorer l'environnement. On peut le laisser sans problème pendant deux jours sans gamelle, ou avec une ration très légère (les loups restent bien une semaine sans manger, lorsqu'il ne peuvent pas faire autrement), lorsqu'il sera "sur les crocs" on prépare ostensiblement l'aliment qu'il préfère et on sort dans la rue où on le détachera pour sa promenade. S'il consent à s'éloigner, on le rappellera à plusieurs reprises, à chaque fois qu'il revient on donne la récompense et on l'incite à repartir.

- Occasionner un désagrément

Le but c'est de lui faire estimer la présence de son maître comme quelque chose de très rassurant, par rapport à l'environnement qui peut être très désagréable. On peut utiliser des comparses qui seront placés aux endroits stratégiques. II ne faut surtout pas que ces personnes qui vont occasionner un désagrément, comme jeter une boîte de conserve vide avec des gravillons à l'intérieur ou tirer avec un pistolet à eau, se fassent voir au moment de leur action, il ne faudrait pas tomber dans un autre problème, la crainte des personnes étrangères (attention les chiens ont un champ de vision latéral développé). On peut pallier cet inconvénient en utilisant un collier à citronnelle ou à air que l'on peut déclencher à distance au moment voulu (de grâce, surtout pas de moyens extrêmes comme le collier électrique !).

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