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Les trois jours et les trois nuits passèrent lentement. À l'approche de la date infernale, Anthelme se voûtait un peu plus sous le poids du chagrin. Ce fut le jour ; ce matin-là le ciel se déchaîna à nouveau, les nuages se cognant et s'étirant sans cesse déferlèrent leur trombe d'eau sur la campagne. Finie la douceur de vivre aux couleurs d'or fondu ! C'était l'heure du rendez-vous ! Devant le grand rocher, on devinait la silhouette d'Anthelme ruisselante d'eau, attendant, immobile, l'apparition du satanique partenaire. Sur le tertre, apparut la même lueur qui avait attiré l'attention du passant ; au centre, se matérialisa la forme de Satan. - Alors Anthelme, je vois que ma proposition ne t'a pas laissé indifférent ! - Oui, j'ai réfléchi et malgré la peine qu'il m'en coûte, je suis obligé de souscrire à votre marché, bien que n'en ayant pas parlé à ma femme. je me chargerai personnellement de t'apporter l'enfant le lendemain de sa naissance afin qu'elle ignore tout de ce triste sortilège. - Je vais donc, comme je te l'ai dit, te marquer à mes couleurs jusqu'au paiement de ta dette. II leva le bras gauche, une lueur aveuglante traversa la nuit enveloppant Anthelme Pivoine. - Rendez-vous ici, à la même heure, au lendemain des couches, hurla le diable, disparaissant comme la première fois, ne laissant qu'une mince luminosité dans le brouillard de pluie. Anthelme arriva près de sa chaumière ; elle lui sembla plus belle, le faîtage qui s'était creusé se trouvait parfaitement horizontal, il crut entendre... il entendit le meuglement des vaches à l'étable. il en poussa la porte... Trois superbes vaches aux grandes cornes et couleur de pommes reinettes tournèrent vers l'arrivant leur mufle brun et luisant, dans le mouvement de meule de leurs mâchoires, les lèvres laissaient couler de grands filets de bave ; d'un dernier coup d'oeil, le paysan vit que les crèches étaient pleines de foin long et odorant. Chez lui, malgré les pluies incessantes, l'intérieur était sec et douillet. Enfilés sur la broche de la lèche-frite, deux poulets tournaient, dégageaient des odeurs qu'Anthelme n'avait pas reniflées depuis longtemps. La joie était partout : le diable n'avait pas menti ! Le regard d'Anthelme passa sur le ventre un peu rond de Jeanne. Fronçant les sourcils, il grommela quelque chose, mais, vite, d'un geste de la main, chassa ses pensées sombres. L'hiver arriva plus vite que les autres années ; la neige dès le début de novembre, recouvrit la terre, les maisons, les arbres. Les vents froids soulevèrent d'énormes tourbillons blancs qui allèrent s'écraser sur les murs solides de la demeure d'Anthelme. Le ventre de Jeanne s'arrondissait... Pour Noël, dans la maison des Pivoine, ce fut une fête comme il n'y en avait jamais eu. Le ventre de Jeanne devint tout rond. janvier s'écoula dans la tiédeur de la maison où rien ne manquait; il faisait bon vivre. Le 2 février au petit matin, les douleurs commencèrent. Jeanne s'installa sur une chaise, comme on le faisait à l'époque, et, en courageuse mère, commença à pousser régulièrement, aux bons moments. Vers les 4 heures environ, car il n'y avait ni horloge ni soleil, un beau garçon naquit. Le père, faisant bouillir des bassines d'eau, nettoya consciencieusement le nouveau-né, le fit crier, le contempla et le rendit tout fier à sa mère. Ils décidèrent de l'appeler Noël et l'on fêta avec les voisins l'heureux événement. Le lendemain soir, enveloppé dans sa houppelande, le père repartit à la croisée des deux chemins. II faisait presque nuit lorsqu'il s'installa au pied du rocher et, comme d'habitude, avec emphase, le diable apparut dans son aura de lumière. - Je suis content, Anthelme, de te voir si précis. Où est l'enfant que tu me dois ? - Messire Satan, l'enfant est au chaud dans son berceau et je ne vous dois rien du tout ! - Comment, rien du tout, rugit le diable, je t'ai marqué de manière indélébile si tu ne respectais pas ta promesse. Anthelme se redressa, laissant glisser sa houppelande, fit admirer son bon teint de paysan, sa moustache noire et son grand sourire qui laissait découvrir de belles dents solides et bien plantées. - Vous voulez sans doute parler de notre dernière entrevue. Messire, vous avez fait une légère erreur ; l'être qui était devant le rocher couvert de ma cape n'était que mon chien. Moi, je me trouvais derrière le rocher. Anthelme se retournant, siffla un grand chien noir et feu, couleurs du diable. II vint s'asseoir près de son maître et semblait sourire lui aussi. Anthelme reprit - C'est à lui que vous avez imprégné vos couleurs pour toujours. Il n'était qu'un vilain chien grisâtre, il est devenu superbe. Quant à son âme, vous ne l'aurez jamais, car elle n'appartient qu'à son maître, moi, Anthelme Pivoine. Le diable, ébahi de s'être fait gruger, furieux, de sa voix tonna - Puisque vous avez gagné, je vais vous punir en vous marquant de tous mes attributs ! Relevant son bras gauche, des éclairs jaillirent avec des chuintements terrifiants, mais Anthelme et son chien couraient déjà, zigzaguant à travers les rochers ; les longs éclairs ricochaient sur les blocs de granit en direction du ciel. L'on parla longtemps, le soir au coin du feu, de cette fabuleuse histoire. Le chien qui avait roulé le diable acquit l'estime générale. II vivait superbe dans sa nouvelle livrée. De toute la région, on lui amenait à domicile (lui qui avait couru tous les bois pour trouver une compagne d'un jour) des femelles toutes plus tentantes les unes que les autres, car tout le monde désirait avoir des petits d'un chien aussi fameux. Chose encore plus diabolique, si l'on peut dire, tous ses petits portaient, points pour points, les mêmes marques, de la même couleur et aux mêmes endroits Comme la région où se passe ce récit est la Beauce, on les appela tout naturellement des beaucerons... Comment ?... Vous ne me croyez pas ? Et bien, examinez d'un peu plus près, je vous prie, la patte arrière d'un beauceron ! Un peu au-dessus du pied ! Mais non, pas à l'extérieur, à l'intérieur... Là, vous y êtes ; qu'y voyez-vous ? Une sorte de double onglon ; en fait, un petit pied fourchu. D'où vient-il à votre avis ? Tout simplement, le diable n'était pas si maladroit ; lors de la fuite d'Anthelme et de son chien, soit d'un coup direct, soit par ricochet sur un rocher, il attrapa bel et bien le chien. La version la plus plausible est certainement un coup par ricochet, car si l'on raisonne sainement, un coup direct qui aurait atteint le pied du chien l'aurait transformé entièrement en pied fourchu, donc c'est un rayon bien amoindri qui a frappé, créant ce particularisme que l'on qualifiera encore de... diabolique. René SAUVIGNAC illustrations : Ricky BARBIER
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